UNE QUESTION DE CHOIX
Tous nous demandent de choisir. Les choses sont toujours étrangement blanches ou noires. Les hommes n'aiment pas les nuances. Il faut s'y faire. Tous nous demandent de choisir notre camp. Bien que né de parents français, je me revendique souvent Italien puisque j'ai vécu dans ce pays la plus grande partie de mon existence et si peu dans mon pays de naissance. Je suis profondément sudiste.
Je suis remonté de Rome à Bologne puis de Bologne à Milan. Là, un de mes amis me croyant malheureux (chose qui est toujours très difficile à évaluer) a décidé de me ramener "chez moi". Je suis donc arrivé "ici".
ICI... La picardie maritime avec ses ciels presque toujours éternellement gris. La description pourrait s'arrêter là. Rome, Bologne, Milan, Abbeville. Je ne sais pas pourquoi j'hésite toujours à mettre le nom de la ville où je réside, contaminé par la terreur de certains de mes nouveaux concitoyens à l'idée que, malencontreusement, on puisse déceler leur homosexualité. Les petites villes de province ont leur code moral, leurs limites humaines, leur rythme parfois étrangement lent. On a parfois l'impression de réciter le rôle que les autres vous ont attribué.
Je dois très probablement récité celui de l'homosexuel, un peu déjanté, trop tatoué. Je ne sais faire que trois choses dans la vie: traduire, écrire et tricoter.
